Sondage sur les attitudes à l’égard de l’adoption de l’IA et de ses risques en 2025 : Trouver un équilibre entre progrès et risques

Adoption de l’IA : Les chefs d’entreprise s’expriment

Au cours de l'année écoulée, le battage médiatique qui a suivi l'apparition de ChatGPT a fait place à une réalité plus claire pour les chefs d'entreprise. Dans le même temps, des réglementations entrent en vigueur pour mieux guider les entreprises dans leurs responsabilités professionnelles et éthiques.

Il n'est donc pas surprenant que le sentiment à l'égard de l'IA semble s'être légèrement refroidi au cours de l'année 2024.

À l'échelle mondiale, 68 % des dirigeants d'entreprise considèrent toujours l'IA comme une opportunité, mais ce chiffre est en baisse par rapport à 82 % d'il y a un an. Parallèlement, le pourcentage de chefs d'entreprise qui considèrent l'IA comme un risque a doublé, passant de 5 % il y a un an à 11 %.

Le chemin vers l'adoption de l'IA est sans aucun doute semé d'embûches, une pénurie importante de compétences apparaissant comme le principal obstacle à surmonter, avec les considérations éthiques.

Il est intéressant de noter que les « défis d'infrastructure technique » ont été cités comme l'un des principaux obstacles par les personnes interrogées lors de notre premier sondage. Un an plus tard, cet obstacle a été remplacé par « une augmentation des problèmes de conformité ».

Pourtant, 2024 a été une autre année de croissance pour l'adoption de l'IAG, selon notre sondage mondial sur les attitudes à l'égard de l'adoption de l'IA et de ses risques.

Les progrès en matière d'adoption sont notables : près de deux tiers des entreprises déclarent avoir au moins commencé à tester l'IA, contre un peu plus de la moitié au début de l'année.

Les personnes interrogées ont également accru leurs attentes quant à l'impact de l'IA sur leur entreprise, leur secteur d'activité et leur rôle.

Le changement d'attitude à l'égard de l'IA qui en résulte peut indiquer une prise de conscience plus globale des aspects pratiques de la mise en œuvre. Les chefs d'entreprise peuvent avoir le sentiment de mieux comprendre les avantages, les inconvénients potentiels et les risques liés à l'adoption de l'IA.

Selon Mark Bloom, responsable mondial de l'information chez Gallagher, une mise en œuvre réussie nécessite des compétences et des perspectives diverses, ainsi qu'une approche qui maintient les humains dans le processus.

« La nécessité de gérer soigneusement les risques signifie qu'un cadre réussi pour l'intégration de l'IA exige d'aller au-delà d'un simple investissement dans la technologie », commente Bloom. « Il est nécessaire d'adopter une approche globale et interfonctionnelle des décisions, en faisant intervenir les services informatiques, la confidentialité des données, les services juridiques, la conformité, la gestion des risques et la direction de l'entreprise, entre autres, afin de garantir que les systèmes d'IA sont sûrs, éthiques et conformes ». Pendant un certain temps, il est également recommandé qu'un être humain valide les résultats et les sorties afin d'éviter les conséquences imprévues ».

En ce qui concerne les investissements dans l'IA, la tendance reflète les taux d'adoption. À l'échelle mondiale, les entreprises se tournent vers les investissements dans l'IA : 60 % ayant déjà investi dans l'IA au cours des 12 derniers mois, 16 % recherchent activement des financements et 15 % prévoyant investir dans les 2 à 3 prochaines années.

Évaluation des parcours d'adoption de l'IA

Du point de vue du parcours des entreprises en matière d'adoption de l'IA à ce jour, c'est un cas de « jusqu'à présent, tout va bien ». Parmi ceux qui prévoient un impact significatif sur leur entreprise, la majorité pense qu'il sera plus positif que négatif, ce qui correspond au sentiment de l'année précédente.

En moyenne, plus de deux tiers des dirigeants d'entreprise interrogés considèrent que leur parcours de transformation de l'IA est une réussite.

Les personnes interrogées des secteurs industriels les plus avancés dans leur cheminement vers l'IA, à savoir l'informatique, la technologie et les services financiers, sont plus susceptibles d'estimer que leurs efforts ont été couronnés de succès.

Par ailleurs, les grandes entreprises (celles qui disposent de ressources plus importantes pour mener à bien la transformation) ont également fait état d'un taux de réussite plus élevé en matière d'adoption de l'IA (82 %, contre 69 % il y a un an).

Les entreprises perçoivent l'IA comme un outil précieux pour accroître l'efficacité en automatisant des tâches, en améliorant la prise de décision et en favorisant l'innovation. Quarante-quatre pour cent des chefs d'entreprise citent l'amélioration de la résolution des problèmes comme l'un des principaux avantages, tandis que 42 % affirment que la technologie stimule l'efficacité et la productivité des employés.

Au sein de l'organisation, un résultat disproportionné apparaît en termes d'impact sur les travailleurs, différents services étant à des stades d'adoption différents. Il n'est peut-être pas surprenant que l'informatique continue de mener la charge dans la manière dont elle intègre la technologie (58 %), suivie par les services à la clientèle (37 %) et les finances (34 ;%). Les services jugés en retard dans l'adoption de l'IA sont les achats, le risque et la conformité, ainsi que la santé et la sécurité.

Ben Warren, directeur général, responsable de la transformation numérique et de l'IA, conseil en communication chez Gallagher, observe que : « Les chefs d'entreprise se concentrent sur l'exploitation de la valeur des nouvelles technologies d'IA, comme en témoigne l'augmentation des investissements au cours des 12 derniers mois. Cependant, malgré la prolifération des outils, nous avons constaté que l'adoption de l'IA est largement limitée à l'informatique et aux fonctions de vente et de marketing, ce qui entraîne des lacunes dans la connaissance et l'adoption de l'IA au sein des organisations, limitant le retour sur investissement global et augmentant les risques pour l'entreprise. »

La plupart des entreprises ne font qu'effleurer la surface en termes de cas d'utilisation. Les chefs d'entreprise mondiaux interrogés ont noté que l'IA est principalement utilisée pour traiter les demandes des clients (36 %), résumer des documents (35 %) et rédiger des courriels (32 %).

Comment l'adoption de l'IA remodèle la gestion des risques

Malgré les avantages, les chefs d'entreprise sont de plus en plus conscients des risques associés à l'IA.

La compréhension perçue des risques reste stable d'une année sur l'autre, 77 % des personnes interrogées déclarant que leur entreprise comprend les risques liés à l'IA, contre 78 % l'année précédente.

À titre contre-intuitif peut-être, la communication des risques à la main-d'œuvre a baissé à 78 %, contre 84 % il y a un an.

« L'année dernière, beaucoup d'organisations ont mené quelques campagnes de communication au sein de leurs équipes et de leurs organisations, puis se sont retirées », explique M. Warren. « Mais ce n'est pas un exercice unique .

Alors que les risques liés à l'IA deviennent de plus en plus évidents, les chefs d'entreprise nous font part de leurs préoccupations.

Les erreurs d'IA, ou « hallucinations », où le système génère des résultats inexacts, figurent en tête de liste des risques, selon un peu plus d'un tiers des personnes interrogées. Parmi les autres préoccupations majeures figurent la protection des données et les violations de la vie privée (33 %), ainsi que les responsabilités juridiques (31 %) liées à l'utilisation abusive de l'IA.

« L'IA a un immense potentiel pour stimuler l'efficacité, automatiser des opérations complexes et améliorer l'analyse prédictive des données », déclare John Farley, directeur général, pratique de la Cyberresponsabilité chez Gallagher. « Cependant, les technologies émergentes comportent presque toujours des risques nouveaux et imprévus pour ceux qui les adoptent. C'est pourquoi il est impératif que les organisations déploient une stratégie pour trouver l'équilibre délicat entre la prise de décisions judicieuses et fondées sur le risque, tout en restant compétitives sur le plan technologique pour améliorer la productivité ».

Pour faire face à ces risques, de nombreuses entreprises mettent à jour leurs cadres de gestion des risques afin de relever les défis spécifiques à l'IA.

Près de la moitié d'entre elles ont réorganisé leurs stratégies pour y inclure des considérations liées à l'IA, telles que la révision des protocoles de cybersécurité, le renforcement des politiques de confidentialité des données et la garantie de la conformité réglementaire.

Sans s'encombrer de règles et du respect de la conformité, les cybercriminels gardent deux longueurs d'avance dans leur capacité à tirer parti de l'IA pour mener des cyberattaques de plus en plus sophistiquées. En réponse, 42 % des personnes interrogées ont déclaré avoir renforcé leurs pratiques de cybersécurité, et 41 % réévaluent les mesures de confidentialité et de sécurité des données pour atténuer les risques uniques posés par l'IA.

M. Farley prévient que les entreprises seront davantage exposées aux attaques de type piratage psychologique en 2025 : « Les pirates peuvent lancer des campagnes d'hameçonnage très sophistiquées avec des courriels qui ne contiennent aucune faute d'orthographe et une excellente grammaire, et qui sont très ciblés sur la victime parce qu'ils ont extrait toutes les informations la concernant des médias sociaux. Nous devons mieux réagir à ces situations et les anticiper.

« Ensuite, il y a la technologie de l'hypertrucage », poursuit-il. « C'est un autre domaine où l'on verra des usurpations d'identité par vidéo ou par boîte vocale. Les employés doivent être formés aux nouvelles méthodes d'utilisation de l'IA par les pirates informatiques ».

Donner la priorité aux personnes dans la mise en œuvre de l'IA

Au-delà des risques techniques et professionnels, les risques liés aux personnes sont au cœur des préoccupations des entreprises. Plus d'un quart des dirigeants interrogés s'inquiètent de l'impact de l'IA sur l'implication et le moral des employés, et 20 % citent la réduction de la confiance dans les dirigeants comme un risque lié à l'utilisation de l'IA dans leur entreprise.

Il n'est donc pas surprenant qu'en ce qui concerne les stratégies utilisées pour mettre en œuvre l'IA au sein de l'entreprise, outre le numéro un qui est l'identification des cas d'utilisation appropriés, les cinq autres stratégies les plus importantes sont toutes axées sur le développement des personnes et des compétences.

Une grande majorité (85 %) des personnes interrogées ont introduit des stratégies de protection de l'emploi dans le cadre de l'adoption de l'IA.

Les raisons pour lesquelles les entreprises ont mis en place des stratégies visant à protéger l'emploi des salariés au sein de l'entreprise varient, mais la principale est de conserver et de promouvoir la créativité (38 %).

La nécessité de protéger la créativité a été un moteur particulier pour les grandes entreprises. Pour les petites entreprises, la principale raison de protéger les emplois est le service à la clientèle et la nécessité de maintenir un contact humain avec les clients (36 %).

En ce qui concerne les politiques spécifiques mises en œuvre, 45 % ont proposé des formations pour améliorer les compétences des employés sur les outils d'IA et un tiers a proposé de recycler les employés dont les emplois ont été pris par l'IA.

Cela les amène à penser que la transformation de l'IA est plus susceptible de renforcer que de remplacer les rôles dans l'entreprise, avec la nécessité d'améliorer les compétences du personnel pour qu'il puisse tirer le meilleur parti de la technologie.

« Il y a de la peur parmi certains employés qui se demandent : "L'IA va-t-elle prendre mon travail?" et "Allons-nous tous être automatisés?". Le bruit fait que certaines personnes se découragent face au changement et aux possibilités offertes par l'IA », déclare M. Warren.

« Alors, comment amener les employés dans ce parcours? Il faut établir une gouvernance et des garde-fous clairs en matière d'IA, favoriser la connaissance de l'IA et s'assurer qu'il existe un programme de gestion du changement continu pour soutenir la transformation. »

Grâce aux outils et à la formation appropriés, 76 % des chefs d'entreprise s'attendent à une augmentation de l'efficacité et de la productivité de leurs employés.

Toutefois, même si la tendance reste positive dans l'ensemble, le sentiment semble s'être atténué depuis l'année dernière, avec une baisse de 10 % des entreprises qui pensent que l'efficacité sera améliorée.

De nombreuses entreprises créent également de nouveaux emplois pour intégrer les compétences et l'expertise en matière d'IA. Un tiers des personnes interrogées à notre sondage sur les attitudes à l'égard de l'adoption de l'IA et des risques ont déclaré que leur entreprise créait de nouveaux rôles. Par exemple, des chefs de produits d'IA, des responsables en chef de l'IA, des scientifiques des données et des spécialistes de l'IA, afin de cibler des compétences numériques spécifiques.

Les chefs des grandes entreprises sont les plus susceptibles de créer de nouvelles fonctions faisant appel à l'IA, reconnaissant qu'une main-d'œuvre stratégique et qualifiée est essentielle à l'adoption de l'IA et à la réussite à long terme. Toutefois, parmi celles qui ont indiqué avoir embauché un responsable de l'IA dans le cadre de l'adoption de l'IA, les petites entreprises (10 à 249 salariés) ont répondu à un taux égal à celui des grandes entreprises (1000 salariés et plus).

Récompenses, risques et voie stratégique à suivre pour l'adoption de l'IA

Il ne fait aucun doute que l'IAG continuera d'avoir un impact à grande échelle sur les entreprises, indépendamment de leur taille, de leur secteur d'activité ou de leur portée géographique.

Le sondage 2025 sur les attitudes à l'égard de l'adoption de l'IA et ses risques a identifié un changement d'attitude envers l'IA de la part des dirigeants d'entreprise à l'échelle mondiale, qui reflète une vision plus axée sur l'expérience de cette technologie et de son impact potentiel par rapport à l'optimisme de l'année précédente.

Les cas d'utilisation les plus courants identifiés par les personnes interrogées, soit le traitement des demandes de renseignements des clients, la synthèse de documents et la rédaction de courriels, ne font qu'effleurer le potentiel de cette technologie. Mais chacun crée également son propre potentiel de risque, nécessitant une approche interfonctionnelle pour les décisions clés relatives à l'adoption de l'IA et le maintien d'une touche humaine pour valider les résultats.

Alors que les chefs d'entreprise ont clairement indiqué qu'ils mettaient l'accent sur leur personnel en adoptant des stratégies de reconversion et de protection de l'emploi, les risques imprévus et l'impact de l'adoption de l'IA n'ont pas encore été entièrement révélés. Ce risque oblige les chefs d'entreprise à s'appuyer davantage sur des experts qui peuvent les aider à naviguer dans l'adoption de l'IA dans un contexte de changement rapide, en garantissant une approche stratégique et adaptable de leur gestion des risques et de leurs stratégies en matière de personnel.

Publié en mars 2025