Principaux constats
- L'erreur humaine serait responsable de plus de 90 % des cyberattaques, alors que l'intelligence artificielle (IA), l'hameçonnage et l'ingénierie sociale deviennent plus sophistiqués et ciblés. Lorsque les humains font office de pare-feu, il est essentiel d'adopter une approche coordonnée à l'échelle de l'organisation pour assurer la cybersécurité.
- L'expérience ne fait pas tout. La « demi-vie » d'une compétence — soit le temps au bout duquel elle perd la moitié de sa valeur — est de plus en plus courte, ce qui nécessite une approche d'apprentissage agile et continue.
- Dans un monde en perpétuel changement et en proie à des bouleversements, la main-d'œuvre ressent une grande fatigue. Favoriser la résilience organisationnelle exige un leadership solide et des stratégies de changement efficaces.
- L'insécurité d'emploi peut nuire au moral des employés et à la confiance envers la direction, affectant l'engagement et la rétention des talents. Si elle est ignorée, l'insécurité d'emploi peut entraîner des actions syndicales, avec des répercussions économiques à plus grande échelle.
Introduction
Les cinq dernières années ont été marquées par une transformation profonde du milieu de travail. Les avancées technologiques majeures, dont l'adoption massive de l'IA générative, ont créé d'importantes occasions, mais aussi de l'incertitude et un besoin urgent de combler les pénuries de compétences.
Les confinements liés à la pandémie, le passage au mode de travail hybride et la crise du coût de la vie ont accru la pression et provoqué de profondes remises en question, entraînant notamment la « grande démission », où des talents ont quitté des secteurs comme la santé, les loisirs, l'hôtellerie et le transport pour réduire leur stress et améliorer leur équilibre travail-vie personnelle.
Ces événements ont exacerbé bon nombre des risques associés aux ressources humaines auxquels les employeurs étaient déjà confrontés, notamment l'obsolescence des compétences et le maintien de l'engagement du personnel. Renforcer la résilience de la main-d'œuvre n'a sans doute jamais été aussi difficile.
Pour mieux comprendre ces tendances et la façon dont les dirigeants d'entreprise réagissent, Gallagher a effectué un sondage mondial en janvier 2025. Les données révèlent certains des risques associés au milieu de travail qui sont les plus préoccupants, ainsi que les stratégies mises en œuvre pour y répondre.
Une meilleure collaboration entre la gestion des risques et les RH est requise
Bon nombre des défis actuels se situent à l'intersection de la gestion des risques et des RH et nécessitent une approche concertée entre divisions. Ces fonctions n'ont pas toujours été harmonisées, et une plus grande collaboration sera nécessaire à l'avenir.
« Il existe un lien évident entre les risques que les professionnels des RH et ceux de la gestion des risques gèrent », déclare Lisanne Sison, directrice générale de la gestion des risques d'entreprise (GRE) chez Gallagher US. « Chaque fois que je classe les risques par ordre de priorité, au moins deux des 10 principaux risques sont associés au personnel. »
Les quatre tendances suivantes associées aux ressources humaines obligent les employeurs et les gestionnaires de risques à repenser leur approche à mesure que le monde qui nous entoure continue d'évoluer. Que les entreprises s'intéressent au facteur humain dans la gestion des cyberrisques ou qu'elles cherchent à combler les lacunes en matière de compétences, il est évident qu'une approche interfonctionnelle sera nécessaire pour combler les écarts et assurer l'avenir de la main-d'œuvre.
L'avantage du risque que l'on oublie très souvent c'est l'occasion. Les principes de gestion des risques peuvent permettre aux dirigeants d'entreprise d'affronter l'avenir avec confiance, car lorsqu'il s'agit de diriger dans un environnement imprévisible, la confiance est essentielle.
Tendance 1 : Faire face aux cyberattaques avec des humains en première ligne de l'environnement numérique
Comme la majorité des cyberattaques réussissent à cause d'erreurs humaines, les entreprises font de leur mieux pour contrer ces vulnérabilités en mettant en place davantage de contrôles, notamment une cyberhygiène rigoureuse et des approches de cybersécurité fondées sur le principe de « confiance zéro ». Toutefois, avec l'IA, les entreprises ont deux longueurs de retard sur les criminels qui exploitent cette technologie pour escroquer et manipuler les travailleurs.
Des acteurs malveillants utilisent l'IA pour analyser l'activité sur les réseaux sociaux, les conversations en ligne et les données personnelles afin de rendre leurs attaques plus ciblées et convaincantes. Lors d'attaques par hameçonnage, l'IA permet aux pirates de créer des messages personnalisés qui imitent le langage, le ton et le style d'un contact de confiance ou d'une organisation réputée.
Les signes révélateurs d'un courriel ou d'un message malveillant deviennent de plus en plus difficiles à détecter, explique Johnty Mongan, chef mondial de la gestion des cyberrisques au Centre de cyberdéfense de Gallagher. « Autrefois, les courriels d'hameçonnage étaient truffés de fautes d'orthographe et de ponctuation, mais maintenant, avec ChatGPT — un outil basé sur le langage — les textes sont impeccables. »
Les vidéos et audios hypertruqués sont un autre domaine où l'IA est utilisée pour usurper l'identité de dirigeants ou d'autres figures de confiance, dans le but de manipuler les victimes et de leur soutirer des renseignements sensibles ou de les inciter à autoriser des transactions financières. Ces fraudes sophistiquées sont très convaincantes et reposent sur des stratégies de manipulation émotionnelle.
John Farley, directeur général du service de cyber-responsabilité de Gallagher, prévient que les entreprises seront davantage exposées aux attaques de piratage psychologique en 2025 : « Les pirates informatiques sont en mesure de lancer des campagnes d'hameçonnage très sophistiquées avec des courriels sans fautes d'orthographe ou de grammaire, qui vous ciblent parfaitement en tant que victime, car ils ont récupéré tous vos renseignements sur les réseaux sociaux. Nous devons nous améliorer pour prévenir et réagir à ces campagnes. »
« De plus, il y a la technologie de l'hypertrucage », poursuit-il. « C'est un autre secteur où vous allez voir apparaitre des usurpations d'identité par vidéo ou par messagerie vocale. Les employés doivent être formés sur les nouvelles façons dont les pirates utilisent l'IA. »
Selon le sondage « 2025 Attitudes to AI Adoption and Risk » (Attitudes à l'égard de l'adoption de l'IA et des risques associés en 2025), les chefs d'entreprise estiment que l'augmentation des menaces associées aux violations de la vie privée et à l'atteinte à la protection des données (33 %), ainsi qu'une plus grande vulnérabilité aux cyberattaques et à la fraude (29 %), font partie des quatre principaux risques associés à l'IA pour les entreprises.

