Alec Russell, directeur général chargé des marchandises maritimes chez Gallagher, affirme que les criminels travaillent continuellement à surmonter les technologies que les entreprises utilisent pour améliorer la sécurité propre à la prévention du vol de marchandises.
« Les risques fondamentaux demeurent en grande partie les mêmes qu'ils étaient il y a 20 à 30 ans », explique-t-il. « Bien que les nouvelles technologies aient changé les méthodes de vol, elles ont également aidé à protéger les marchandises. Cependant, ces technologies ne sont pas infaillibles. Elles nous permettent de comprendre les événements en temps réel, mais nous devons tout de même comprendre comment atténuer les risques avec efficacité à l'aide de ces informations en temps réel. »
Il est intéressant de noter que les données brutes elles-mêmes deviennent une cible privilégiée; en fait, elles figurent aujourd'hui parmi les marchandises les plus volées, en particulier par les voleurs de marchandises plus technophiles.
James Horn, chef du courtage d'assurance chez Vanguard Tech, ajoute que « nous assistons à l'évolution de la nature des sinistres relatifs aux marchandises : Autrefois dominés par les dommages physiques et le vol, les sinistres sont aujourd'hui attribuables principalement aux violations de données, à la fragilité des chaînes d'approvisionnement et aux tensions géopolitiques. »
Avec des milliers de conteneurs et de clients par navire, l'ampleur des renseignements sensibles concernés fait du vol de données une préoccupation importante, ce qui coûte des millions de dollars aux entreprises en indemnisation et en pertes.
Les cas de détournement et de réacheminement de navires (en raison du piratage de données) sont rares, même si nous voyons plus de cas d'usurpation de données SIA.
Horn souligne ce contraste, en notant : « Les navigateurs expérimentés se fient encore à des méthodes traditionnelles parallèlement à des systèmes modernes. La tendance à privilégier les solutions de navigation indépendantes du SIA reflète des efforts plus larges pour intégrer la redondance et la cybersécurité dans les opérations maritimes. »
Le mélange des technologies existantes et nouvelles reflète l'effort de l'industrie maritime pour équilibrer la modernisation et la résilience.
Vol de marchandises en pleine route : digne d'un film d'action
Pour les entreprises de transport, près des deux tiers de tous les crimes liés aux marchandises, en particulier le vol de marchandises, se produisent lorsque les camions sont stationnés et laissés sans surveillance, en particulier dans des endroits non sécurisés, comme les stations-service et les aires de repos.
Mais le vol de fret peut se produire en cours de déplacement. Une technique dangereuse consiste à ce que les criminels profitent du régulateur de vitesse adaptatif dans une manœuvre qui nécessite que plusieurs véhicules se déplacent en convoi à la même vitesse. Les voleurs de marchandises grimpent sur le capot d'une voiture adaptée, si près derrière un camion que le conducteur ne peut pas les voir, et y pénètrent de force à l'aide d'un pied-de-biche.
En général, un deuxième véhicule se place devant le camion en mouvement pour contrôler la vitesse à laquelle il se déplace pendant que le vol a lieu. Un troisième véhicule, généralement une fourgonnette, se place parallèlement au camion pour servir deux objectifs : cela permet aux voleurs de transférer rapidement les marchandises et empêche le conducteur du parc de véhicules de changer de voie.
« [Cela] est l'un des types de vol de marchandises les plus audacieux; en fait, il devient de plus en plus courant en Europe continentale et au Royaume-Uni », déclare Mark Allison, directeur de WK Webster, une entreprise de Gallagher Bassett. « Lors d'une récente enquête menée par WK Webster, nous avons trouvé des traces de saleté sur le camion où quelqu'un avait grimpé par-dessus le hayon élévateur sécurisé à partir d'un véhicule en mouvement afin d'accéder à l'arrière du véhicule. » Cela montre que les conducteurs doivent toujours être vigilants, même lorsqu'ils sont en déplacement. »
Données et fraude : les nouvelles cibles dans la chaîne d'approvisionnement
En raison du grand nombre d'entreprises qui participent aux chaînes d'approvisionnement de bout en bout et du niveau élevé d'externalisation, les cybermenaces sont l'un des domaines de risque à la croissance la plus rapide. Les pertes se multiplient également en raison du recours croissant à la fraude pour commettre des crimes liés aux marchandises, grâce notamment à la technologie.
« Si nous examinons les tendances futures, cela ne fera que devenir plus difficile », déclare Tully de Gallagher. « Nous avons des données volumineuses, et grâce à elles, vous expliquez à tout le monde ce qui se passe. » Avec l'intégration de l'IA et des technologies de chaîne de blocs dans toutes les chaînes d'approvisionnement, la situation peut s'aggraver.
« Au fur et à mesure que les processus deviennent plus automatisés et moins dépendants de l'interaction humaine, les méthodologies traditionnelles peuvent ne pas être aussi efficaces », poursuit-elle. « Cela signifie que nous devrons élaborer de nouvelles façons d'expédier et de protéger les marchandises en transit. »
Dans un environnement plus connecté, les criminels peuvent exploiter de nombreux vecteurs d'attaque différents au moment de chercher à obtenir des renseignements sur l'endroit vers lequel et comment les marchandises sont déplacées dans le monde, y compris des renseignements détaillés sur le niveau et les types de sécurité utilisés par les entreprises de transport et de logistique.
Pour exploiter les vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement, les pirates informatiques ciblent souvent les petits fournisseurs de transport qui disposent d'une sécurité réseau moins sophistiquée.
En général, lorsqu'il est question de criminalité liée aux marchandises, les obstacles à l'entrée sont peu nombreux et les rendements potentiels sont élevés. De plus, les gangs criminels peuvent exécuter des attaques qui offrent rapidement de grandes récompenses financières avec un risque relativement faible.
“
Les stupéfiants (contrebande), en particulier dans certains ports et régions, font partie des menaces les plus persistantes dans la criminalité aux marchandises.
James Horn, chef du courtage d'assurance chez Vanguard Tech
Au fur et à mesure que les chaînes d'approvisionnement deviennent plus automatisées, les trafiquants exploitent de plus en plus les failles du système, souvent avec l'aide d'un initié, en utilisant des méthodes comme la technique d'enclenchement/de déchirure, où des drogues sont introduites discrètement dans des conteneurs en cours de transit et rescellées avec des sceaux douaniers clonés pour éviter la détection.
La croissance de la criminalité stratégique, qui comprend le recours à la tromperie, à la fraude et à la planification, est l'une des évolutions les plus remarquables du modus operandi des voleurs de marchandises. Elle reflète les connaissances croissantes des groupes de criminels organisés sur la façon d'exploiter les vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement.
Les méthodes consistent notamment en l'usurpation d'identité et la falsification de documents et à tirer parti des technologies d'IA pour manipuler les connaissements et/ou contrôler les opérations à distance.
Assurance et exclusions : où sont les failles dans la couverture?
L'utilisation des technologies à des fins criminelles et les risques changeants qu'elle pose ont donné lieu à des problèmes concernant la protection d'assurance. Danny Pitchley, conseiller technique en déclarations de sinistres chez Gallagher, affirme que la hausse des incidents de fraude met en évidence les préoccupations exprimées par les courtiers à l'égard de la démarche qu'adoptent les assureurs en matière de déclarations de sinistres.
« La plus grande tendance que nous constatons dans les déclarations de sinistres et les vols en particulier est la fraude d'identité », explique-t-il. « Des personnes se faisant passer pour quelqu'un d'autre... [et] empêchant les marchandises d'atteindre la destination prévue. Par conséquent, cela entraîne un vol frauduleux, et au moment où l'entreprise se rend compte qu'elle n'a pas été payée, les marchandises ont déjà été détournées et le vol de marchandises est commis. »
Sans un soutien informatique solide et une formation sur la cybersécurité, les entreprises peuvent trouver plus difficile de prévenir les vols de marchandises et, par conséquent, d'accéder à une garantie qui protège contre un large éventail de menaces.
Bien que l'industrie des assurances ait fait beaucoup de chemin pour s'attaquer à la question de la « cybersécurité silencieuse », des risques liés à la cybersécurité qui ne sont pas clairement inclus dans les polices traditionnelles ou qui n'en sont pas clairement exclus, les exclusions désormais intégrées dans les polices d'assurance sur les marchandises maritimes pourraient signifier que les polices n'interviendront peut-être pas comme prévu à l'avenir.
« Nous évaluons actuellement la clause d'exclusion concernant les cyberattaques », explique M. Pitchley. « Si une perte est causée spécifiquement par une cyberattaque, elle sera exclue de la protection d'assurance. Cependant, s'il y a un vol ou des dommages comme sous-produit de la cyberattaque, cela devient une perte physique ou des dommages physiques du produit.
“
Les polices d’assurance cyber ne couvrent pas nécessairement les pertes ou dommages matériels. Toutefois, cet aspect n’a pas encore été mis à l’épreuve sur le marché, puisque les réclamations liées aux pertes ou dommages physiques seraient d’abord présentées aux assureurs de marchandises.
Danny Pitchley, conseiller technique en déclarations de sinistres chez Gallagher
Sécurité de la chaîne d'approvisionnement de nouvelle génération : Conserver une longueur d'avance sur les voleurs de marchandises
Comment la technologie transforme-t-elle les stratégies de gestion des risques propres aux marchandises?
Les innovations dans les outils numériques transforment la façon dont les entreprises de logistique protègent les marchandises en transit. Du suivi en temps réel à l'analyse prédictive, voici quelques façons clés dont la technologie aide les entreprises à conserver une longueur d'avance sur les menaces :
Suivi et surveillance en temps réel. Les systèmes de suivi GPS avancés, les systèmes d'identification automatique et les capteurs permettent de voir en temps réel les navires ainsi que l'emplacement et l'état des marchandises afin que les entreprises puissent réagir de manière proactive aux menaces. Les équipes de logistique peuvent surveiller les expéditions en continu, en vérifiant si elles respectent les itinéraires et les horaires prévus, et en transmettant des alertes en cas de changements ou d'arrêts inattendus, ce qui permet des réponses rapides.
Géorepérage. Le géorepérage établit des limites virtuelles autour de zones géographiques précises. Si un envoi entre dans ces zones prédéfinies ou en sort, des notifications instantanées sont envoyées à l'entreprise. Le géorepérage aide à détecter les mouvements non autorisés de marchandises et à y réagir, en lançant une alerte précoce que les criminels ont réacheminé des envois.
Serrures et capteurs électroniques. Ces dispositifs garantissent que les conteneurs de marchandises demeurent scellés pendant le transport. Les tentatives d'ouvrir les contenants déclenchent une alarme.
Analyse des données. En analysant les données provenant de diverses sources, les entreprises peuvent cerner les tendances et prédire les risques. Les données aident à optimiser les itinéraires et l'allocation des ressources, comme l'utilisation d'escortes armées dans les zones à haut risque.
Améliorations de l'infrastructure. Les investissements dans des terrains de stationnement sécurisés, l'amélioration des routes, de l'éclairage de la surveillance permettent de réduire les vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement en transit.
Comprendre comment le paysage des menaces évolue permet aux entreprises de logistique de mieux réagir.
Bien que les criminels puissent exploiter la technologie, ces avancées soutiennent également les efforts visant à améliorer la sécurité contre les vulnérabilités des chaînes d'approvisionnement et à réduire le risque global de vol de marchandises.
L'innovation en matière de sécurité a pris beaucoup d'ampleur au cours des dernières années, en particulier au niveau du transport de marchandises de grande valeur.
Les alarmes avancées, la télévision en circuit fermé (CCTV), le suivi GPS et les serrures intelligentes permettent d'améliorer la surveillance des chaînes d'approvisionnement de bout en bout, souvent par l'intermédiaire des centres de surveillance de la sécurité.
La chaîne d'approvisionnement des biens de grande valeur est l'endroit où se déroule une grande partie de l'innovation en matière de sécurité. Il y a une occasion d'apprendre de secteurs comme le transport de fonds, qui adoptent souvent des mesures de sécurité plus avancées en premier.
La technologie permet également aux entreprises d'utiliser les données pour mesurer les risques et élaborer des stratégies de gestion des risques plus solides au sein de la chaîne d'approvisionnement. Ces renseignements offrent des renseignements plus détaillés sur les emplacements géographiques où les criminels sont les plus actifs, les marchandises qu'ils ciblent et, surtout, les techniques qu'ils utilisent pour voler des marchandises en transit.
Les données sur les déclarations de sinistres en assurance sont une ressource extrêmement précieuse pour repérer les tendances et agir. Par exemple, en Afrique du Sud, les marchandises transportées par voie ferroviaire sont devenues une cible si privilégiée chez les voleurs de marchandises que de nombreuses entreprises sont passées au mode de transport routier pour transporter leurs marchandises. Malgré les préoccupations concernant les conditions du système d'infrastructure routière, le transport de marchandises par camion est actuellement l'option la moins risquée.
Les entreprises de transport et de logistique commencent à reconnaître le problème et prennent les menaces numériques plus au sérieux. Ils travaillent avec des spécialistes en gestion des risques et s'appuient sur les connaissances de leurs courtiers partenaires pour mettre à l'essai différents scénarios afin de voir la mesure dans laquelle leur assurance interviendra.
« Avec un transitaire fiable, l'objectif est de ne pas perdre le camion ou ses marchandises, car cela pourrait nuire à sa réputation et engager des coûts », explique M. Russell de Gallagher. « Ils sont susceptibles de mettre en œuvre des mesures supplémentaires pour minimiser les risques.
« Bon nombre de ces stratégies sont basées sur le bon sens, comme l'utilisation d'un emballage simple, le changement fréquent d'itinéraire, l'utilisation du suivi GPS et la vérification des antécédents criminels des conducteurs », ajoute-t-il. « La plupart de ces pratiques existent depuis environ 30 ans. En fin de compte, il n'y a pas de solution unique; nous savons simplement que le vol de marchandises peut se produire à tout moment. »
Publié en septembre 2025.
