De la crise à la confiance : Cinq ans d'évolution du risque commercial
Perspectives clés
- Les cinq dernières années ont été une véritable classe de maître en matière de gestion de crise. Nous avons demandé aux dirigeants d'entreprise quelles décisions les avaient aidés à assurer la survie, voire la croissance, de leur entreprise pendant cette période.
- Pour 78 % des personnes interrogées, la volatilité causée par la période de crises multiples a contraint les entreprises à rechercher de nouvelles sources de revenus non prévus alors qu'elles s'adaptaient à une nouvelle réalité.
- Les entreprises qui ont poursuivi de nouvelles sources de revenus étaient notamment plus susceptibles de se tourner vers l'innovation et les possibilités émergentes, comme l'investissement dans les technologies.
- Après la COVID-19, plusieurs entreprises ont constaté que leur appétit pour le risque avait changé et qu'elles avaient une meilleure appréciation de la gestion des risques d'entreprise (GRE) et de l'assurance.
- Les résultats brossent le tableau d'un modèle de résilience axé sur un leadership solide et une plus grande capacité d'adaptation, centré sur la gestion des risques.
Les cinq dernières années se sont démarquées des autres périodes de l'histoire moderne des affaires : la pandémie mondiale, l'instabilité géopolitique, les bouleversements climatiques et les transformations de l'univers numérique ont profondément bouleversé le paysage économique. Toutefois, elles ont également transformé la relation que les chefs d'entreprise entretenaient avec le risque.
Après la COVID-19 : Cinq ans de crises multiples
Cumulativement, les événements des cinq dernières années ont servi de catalyseur pour transformer la façon dont les entreprises abordent le risque. Il est probable que de nombreuses entreprises soient sorties de cette période mieux préparées à affronter les chocs à venir. L'approche « juste à temps » qui prévaut depuis des décennies dans le secteur manufacturier cède la place à une mentalité plus résiliente axée sur la prévoyance et l'économie d'affinité alors que les entreprises s'adaptent à une économie mondiale plus fragmentée.
Pour comprendre la façon dont les entreprises réagissent à un monde en crise permanente, nous avons suivi leur parcours au cours des cinq dernières années à travers le regard de 1 200 chefs d'entreprise. Notre recherche met en lumière certaines des caractéristiques déterminantes des entreprises résilientes et l'appétit pour le risque des chefs d'entreprise, qui, dans l'ensemble, disent se sentir mieux préparés à faire face à l'incertitude actuelle qu'avant la COVID-19.
« Cette situation représente une occasion d'aborder les défis différemment. En 2020, plusieurs entreprises ont dû s'adapter, ce qui a entrainé des diversifications. Face à un environnement catastrophique, les dirigeants ont pris en charge la gestion des risques commerciaux, ce qui leur semblait nécessaire pour assurer leur survie. Cette prise de conscience — que des circonstances négatives peuvent offrir des possibilités de croissance — est maintenant mieux acceptée. »
L'ère de la pandémie : « Juste à temps » devient « juste au cas »
Pour la plupart des entreprises, les fluctuations associées à la COVID-19, marquées par des confinements dans plusieurs pays, par des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et la volatilité des marchés boursiers, ont entraîné un changement fondamental dans la composition des revenus.
Au total, 78 % des dirigeants d'entreprise interrogés ont déclaré que leurs entreprises ont dû chercher de nouvelles sources de revenus pendant la pandémie. Cette tendance a été particulièrement prononcée chez les entreprises internationales et à deux marchés.
Il est à noter que les entreprises qui ont recherché de nouvelles sources de revenus étaient plus susceptibles de déclarer que le niveau de risque dans le monde avait augmenté et elles étaient plus disposées à se tourner vers l'innovation et les occasions émergentes, comme l'entrée dans de nouveaux territoires et l'investissement dans la technologie. Plutôt que de céder à la pression, plusieurs entreprises ont agi avec détermination pendant cette période, en adaptant leurs modèles d'affaires et en construisant des réserves dans la mesure du possible.
Le nouveau visage du risque commercial : numérique, opérationnel et personnel
Bien que la technologie ait continué à favoriser la croissance après la COVID-19, elle a également introduit de nouveaux risques qui dominent désormais le paysage des menaces.
Pour 22 % des dirigeants d'entreprise, les types de risques commerciaux qui ont augmenté en priorité depuis 2020 sont les risques numériques et les risques associés à la cybersécurité, suivis de près par les préoccupations concernant l'IA et l'automatisation. Malgré ces préoccupations, l'optimisme est élevé, 96 % des dirigeants d'entreprise se disant confiants dans leur capacité à gérer ces risques à l'avenir.
Les risques opérationnels sont également devenus une priorité importante pour 19 % des entreprises, sous l'effet de l'instabilité économique, de la hausse du coût de l'énergie et des matériaux, et de la fragilité du commerce mondial face aux forces géopolitiques et environnementales.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Après avoir connu des interruptions de leurs activités, des restrictions dans la chaîne d'approvisionnement et une augmentation des coûts d'exploitation, les dirigeants d'entreprises se sont adaptés en mettant en place un plus grands nombres de plans d'urgence. Des stratégies de gestion des risques associés à la chaîne d'approvisionnement ont été mises en œuvre pour réduire l'impact de la volatilité du commerce mondial. Ensemble, ces mesures marquent une transition vers des stratégies d'inventaire plus intelligentes et plus conscientes des risques.
La diversification des fournisseurs est devenue une stratégie importante pour assurer la sécurité de l'entreprise : Plus du tiers (37 %) des chefs d'entreprise affirment avoir élargi leur réseau de fournisseurs au cours des cinq dernières années, et environ 25 % d'entre eux ont augmenté le nombre de fournisseurs nationaux. Un cinquième des dirigeants ont investi dans la constitution de stocks afin de créer des réserves dans leurs chaînes de production en cas d'interruption.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Pour les employeurs, la période de la COVID-19 et l'essor de l'automatisation numérique ont entraîné des changements rapides et continus au sein de la main-d'œuvre.
L'impact de la pandémie sur les gens, notamment les craintes en matière de santé et de sécurité, le passage au télétravail, le « grand arrêt » et les pressions inflationnistes sur le coût de la vie, sont parmi les facteurs qui font passer les risques associés aux ressources humaines au premier plan des préoccupations des entreprises.
Les lacunes en matière de compétences et la rétention du personnel figurent parmi les dix principaux défis en matière de gestion des risques commerciaux pour les répondants, tandis que la santé mentale des employés est considérée comme le troisième risque le plus important des cinq dernières années. Les résultats soulignent à quel point les risques associés aux ressources humaines sont maintenant tout aussi importants que les risques financiers pour bon nombre d'entreprises.
Les événements climatiques au cœur des préoccupations des chefs d'entreprise américains
S'adapter à la « nouvelle normalité » — changer les attitudes face au risque
Après cinq ans de crises multiples, la plupart des chefs d'entreprise reconnaissent que nous évoluons dans un monde plus risqué. En réponse à cela, nous avons constaté l'émergence de deux attitudes distinctes face au risque.
Certaines entreprises, surtout les grandes sociétés qui exercent leurs activités à l'échelle internationale, sont plus à l'aise de prendre des risques qu'elles ne l'étaient auparavant et elles ont augmenté leurs efforts de gestion des risques internes. Plus de la moitié (56 %) des personnes interrogées affirment que les risques associés à leurs propres activités ont augmenté au cours des cinq dernières années, en partie à cause d'un marché d'assurance commerciale plus difficile.
Par conséquent, un pourcentage important des dirigeants d'entreprise interrogés (81 %) affirment être désormais plus tolérants au risque, motivés par une meilleure compréhension du paysage actuel des menaces, par l'importance cruciale des données et des perspectives, et une volonté stratégique de croissance audacieuse et adaptative.
Le changement est particulièrement marqué chez les grandes entreprises, 60 % d'entre elles ayant connu une évolution de leur appétit pour le risque (positive et négative) au cours des cinq dernières années, contrairement aux petites entreprises.
En revanche, les dirigeants d'entreprise qui se disent plus réticents à prendre des risques maintenant qu'au début de l'année 2020 accordent davantage d'importance à l'impact de la COVID-19 sur le paysage des risques commerciaux. Ils sont également moins susceptibles d'avoir donné la priorité au leadership et au recrutement pour gérer les risques au sein de leur entreprise au cours des cinq dernières années.
Comment les cinq dernières années ont-elles remodelé votre perception en matière de risque?
Les entreprises apprécient davantage la gestion des risques et l'assurance qu'auparavant
Un thème qui ressort clairement est la prise de conscience accrue des chefs d'entreprise quant à l'importance de mettre en place des stratégies solides de réduction des risques. Près d'une entreprise sur cinq a embauché des gestionnaires de risques et renforcé ses processus en matière de résilience opérationnelle au cours des cinq dernières années. Les trois quarts (76 %) de ces chefs d'entreprise ont maintenu leurs fonctions élargies en matière de gestion des risques après la pandémie.
Plus de la moitié des entreprises ayant renforcé leurs équipes chargées de la gestion des risques et de la continuité des activités prévoient de les maintenir en place pendant au moins les cinq prochaines années, ce qui suggère que cinq années de crises multiples ont renforcé le rôle de la gestion des risques commerciaux au sein des entreprises.
De plus, les gestionnaires de risques, les gestionnaires de la continuité des activités et les équipes internes chargées de la gestion des risques sont considérés comme les sources les plus fiables en matière de renseignements et de conseils sur les risques.
Les dirigeants d'entreprise déclarent se sentir mieux protégés par leur assurance qu'il y a cinq ans. Plus de la moitié de ces dirigeants ont augmenté le montant de leur assurance, tandis que 44 % déclarent avoir souscrit de nouveaux types de couverture.
Au-delà de la survie : Un plan d'action pour la résilience et la tolérance au risque commercial
Malgré les nombreux rebondissements des cinq dernières années, la plupart des chefs d'entreprise sont étonnamment optimistes, décrivant leur entreprise comme productive, résiliente et innovante.
Leur stratégie de résilience repose sur un leadership solide, une grande capacité d'adaptation et une planification stratégique, soutenus par des équipes autonomes, une forte identité organisationnelle et une gestion proactive des crises face aux incertitudes météorologiques.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Un changement notable dans la vision du monde actuel réside dans la manière dont les entreprises perçoivent les risques et réagissent. Lers dirigeants d'entreprise qui se perçoivent comme plus tolérants au risque attribuent aux paris pris durant la pandémie le mérite de les avoir aidés à s'adapter et à grandir alors que d'autres étaient plus hésitants.
Les dirigeants d'entreprises tolérantes au risque nous disent qu'ils ne se contentent pas d'accepter l'incertitude, ils la gèrent activement. Ils ont investi de façon stratégique dans la gestion des risques, tant à l'interne par le développement des talents qu'à l'externe en élargissant leur couverture d'assurance.
Les dirigeants d'entreprises tolérantes au risque ont également instauré des mesures délibérées pour stimuler la croissance au cours des cinq dernières années, adoptant les technologies numériques, en innovant avec de nouvelles offres et en diversifiant leurs activités.
Comme l'a déclaré un dirigeant d'entreprise, ces mesures proactives lui ont donné « une vision plus claire et plus prévisible de l'avenir, ce qui lui permet de savoir où il est possible de prendre des risques », favorisant ainsi une relation avec les risques plus centrée sur les occasions.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Inévitablement, la façon dont les événements chocs sont vécus influence la façon dont les différents secteurs réagissent. Nos résultats de recherche suggèrent que les secteurs de la construction, de la fabrication et des télécommunications ont désormais une vision plus polarisée du risque qu'au début de la pandémie.
La croissance et l'innovation occupent une place centrale
Qu'est-ce qui distingue les entreprises résilientes de celles qui ont connu des difficultés pendant la crise? La réponse réside dans leur capacité à s'adapter et à rester agiles. Au cours des cinq dernières années, 99 % des entreprises ont misé sur la croissance, en tirant parti de la technologie, en développant leurs activités et en augmentant leur présence grâce aux embauches, aux fusions et aux acquisitions afin de se préparer pour l'avenir.
Il est intéressant de noter que 60 % des dirigeants d'entreprise ont également déclaré avoir modifié leurs programmes d'assurance à la suite de cette croissance, reflétant le rôle de l'assurance en tant que facilitateur de la croissance économique.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Les dirigeants d'entreprise interrogés affirment qu'ils stimulent la croissance grâce à l'innovation. Autrefois perçus comme un défi, être la première entreprise à commercialiser une nouvelle offre est désormais perçu par les dirigeants interrogés comme présentant « plus d'avantages que d'inconvénients ». Ils explorent donc de nouvelles voies de croissance, soutenues par des investissements dans les ressources humaines et la R et D.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Dans l'ensemble, les grandes entreprises semblent plus optimistes que les petites et moyennes entreprises, les dirigeants des grandes entreprises affichant des niveaux d'innovation supérieurs à la moyenne.
L'appétit pour le risque influence également la façon dont les entreprises favorisent les innovations. Les entreprises qui n'aiment pas prendre des risques se montrent prudentes lorsqu'il s'agit d'explorer de nouvelles avenues et occasions de croissance, car « l'incertitude quant au retour sur l'investissement en matière d'innovation est accrue ».
Cependant, les entreprises tolérantes au risque considèrent l'innovation comme la voie vers la productivité, l'agilité et le maintien de leur pertinence dans un monde qui évolue rapidement.
Perspectives futures : Trouver des occasions de croissance au milieu de la tourmente
L'impact de la nouvelle normalité? Les entreprises sont mieux disposées à coordonner leur perception du risque aux mesures préventives. Bien que tous les changements mis en place durant la période de crise ne dureront pas, bon nombre d'entre eux sont là pour rester, notamment de meilleures capacités pour gérer les crises et les risques.
Remarque : Les pourcentages sont basés sur les choix multiples de chaque répondant.
Alors que les entreprises s'adaptent à un monde nouveau, la plupart des dirigeants d'entreprise affirment se sentir mieux outillés maintenant pour gérer les risques commerciaux qu'au début de la pandémie mondiale. Le risque n'est plus considéré comme un simple inconvénient à éviter ou à atténuer, mais comme un facilitateur de croissance et d'innovation.
On reconnaît de plus en plus que le risque et l'occasion sont les deux faces d'une même pièce, ce qui façonne la manière dont les entreprises réagiront aux perturbations et à l'incertitude à venir.
« La pandémie a touché tout le monde en même temps », affirme Hodgson. « Nous comprenions le concept de pandémie, mais rares sont ceux qui en avaient anticipé les conséquences à l'échelle mondiale. Le monde reconnait maintenant la nécessité de gérer les risques.
« Cette prise de conscience — que de tels événements peuvent se produire et nous affecter tous — est, à mon avis, un facteur positif de développement. Les avantages d'une gestion et d'une évaluation efficaces des risques sont désormais évidents et les entreprises qui gèrent bien les risques se sont mieux adaptées au contexte actuel. »
Publié en juin 2025
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